Note introductive d'Aristote

Le texte qui suit est la première partie d'un dialogue entre Lucius et Aristote. Il y aura une suite, où nous aborderons les questions que posent la nudité, la pornographie et le masochisme.

Lucius

 En furetant sur le Net, je suis tombé sur ton site "VAINCU PAR ELLE" et je me suis dit "Enfin, j'ai trouvé le site que je recherche depuis longtemps et dont le titre correspond exactement à mes idées. Je ne suis pas un novice et que, depuis plus de dix ans, j'ai collectionné quantité de documents et trouvé d'autres sites traitant du même sujet (en particulier, des sites en Anglais) et j'ai donc en main beaucoup de documents, notamment provenant de STANTON et L.H. Art. Quoi qu'il en soit, j'ai donc exploré ton site - enfin une partie -  et j'y ai trouvé des choses particulièrement intéressantes et passionnantes, ainsi que des textes que je ne connaissais pas

Toutefois, je n'ai pas tardé à être quelque peu "désillusionné" quand je me suis aperçu que tu ne mettais pas assez l'accent sur le caractère "exclusivement sexuel" de la LUTTE MIXTE. C'est tout au moins mon opinion que je me ferai un plaisir de justifier, au besoin.

Aristote

Cher Lucius,

Le nombre des lecteurs de mon blog ne cesse de croître et je m'en réjouis, et plus encore quand un nouvel arrivant manifeste à la fois compétence et enthousiasme sur notre sujet de prédilection : la lutte mixte.

Mais venons-en à notre débat : la lutte mixte est, me dis-tu, "exclusivement sexuelle". Il est vrai que nous différons sans doute sur ce point. Pour moi c'est un sport en même temps qu'une sorte de prélude sexuel, c'est vraiment les deux, de manière indissociable. C'est d'ailleurs cette ambiguïté qui en fait tout le sel.

Lucius

Je voudrais dissiper cette "fiction" prétendant que la lutte mixte est une sorte de SPORT à part entière. En effet, si l'on s'intéresse à la lutte (sous ses différentes formes) sur un plan purement sportif, je ne vois pas pourquoi l'on voudrait lutter avec une Femme plutôt qu'avec un Homme, SI IL N'Y PAS UNE ARRIERE-PENSEE SEXUELLE - franchement avouée ou seulement sous-entendue, parfois inconsciemment ! Certes, on peut concevoir qu'il y ait "lutte" entre deux représentants de sexe opposé, mais, jusqu'ici, si cela se produisait, c'était l'homme qui était toujours le plus fort et, en quelque sorte, donnait des leçons de lutte à la fille (parfois dans un apprentissage d'auto-défense). Et l'on se plaçait dans le contexte traditionnel du mâle triomphant et protecteur. Cela était d'ailleurs le plus souvent une lutte "pour rire". Et ce malgré les récits concernant les Amazones et autres femmes fortes de l'Histoire.

Il n'y a, en fait, que dans les arts martiaux, qu'une lutte à caractère non sexuel peut se concevoir, bien que, là, il y a aussi des catégories de poids. Personnellement, je ne considère pas les arts martiaux comme étant à caractère forcément sexuels (sauf, peut-être, dans le cadre du TANTRA) ne serait-ce que parce que les acteurs restent habillés de pied en cap !

Bref, je prétends que, dans le cas de lutte mixte, le côté sportif n'est qu'un prétexte, un prélude à une activité sexuelle ! Uniquement du fait qu'il y a une compétition entre sexes opposés, surtout dans la lutte. Il n'en serait pas tout à fait de même dans un match de tennis, par exemple.

Aristote

Bien sûr, au tennis il n'y a pas de contact, et c'est une énorme différence. Mais prenons par exemple le cas de la danse. La danse rapprochée, c'est quoi ? Bien sûr, on peut la réduire à n'être qu'un prétexte, qu'un prélude au sexe. Mais enfin c'est quand même aussi de la danse, non ? Et les femmes aiment les bons danseurs...

Un indice pour moi que la lutte mixte n'est pas " uniquement sexuelle ", c'est le fait qu'une lutteuse amateur a tendance à catégoriser ses adversaires (masculins, et féminins aussi) selon leur niveau en lutte mais aussi selon leur comportement en lutte (par exemple le fait – indépendamment de l'aspect victoire/défaite - qu'elle parvient à s'exprimer, à jouer de son corps de lutteuse et à donner une bonne réplique au garçon).

C'est pareil quand une femme aime danser avec un bon danseur, elle aime qu'il la mette en valeur, elle mêle indissociablement l'harmonie qui se crée entre eux à la fois au plan sportif, artistique, et sexuel aussi bien sûr, même si ce n'est qu'implicite, inavoué. Elle sera contente de l'expérience d'avoir dansé avec lui, même si cela ne débouche pas sur une aventure sexuelle.

Je pense qu'une lutteuse sportive qui accepte un combat de lutte mixte réagit exactement de la même manière, c'est une expérience corporelle mufti-dimensionnelle, ambiguë au départ, mais qui ne se réduit pas au prélude sexuel.

Le désir masculin est sans doute, dans la plupart des cas, plus clairement sexuel que le désir féminin, mais parler de la lutte mixte du seul point de vue d'un garçon qui ne songe qu'à son désir sexuel et ignore le plaisir sportif, cela me semble assez réducteur.

Lucius

 Il y a une part de vérité dans ce que tu dis. Beaucoup de filles aiment la danse pour elle-même et sont même "accrocs" à cette activité, elles recherchent de bons danseurs sans aucune arrière-pensée sexuelle. Oui, mais, dans ce "sport", il n’y a pas de "compétition" entre les sexes et donc aucun impact à caractère masochiste. Sauf si c’est la fille qui conduit, comme c’est souligné dans le livre de Paul ADOUY " Fantastique BRIGITTE(ou Le Viragophile) ".

Quant à la lutte mixte, ton argument ne me semble pas très convaincant, car il ne concerne que les véritables lutteuses qui, certes, considèrent la lutte comme un sport, mais pourquoi, uniquement dans ce sport, serat-il mixte ? Dans pratiquement tous les autres sports (sauf rares exceptions, comme la voile, l’équitation et quelques autres), on différencie toujours deux catégories, "masculine" et "féminine". Si une lutteuse veut affronter des adversaires masculins, ce peut être, à la rigueur, je le reconnais, dans une intention purement sportive, mais aussi, je présume, pour vouloir affirmer une supériorité féminine (sans connotation forcément sexuelle) qui se rapproche de l’attitude des ultra-féministes et donc, par ricochet, de quelque chose apparentée au S/M et à l’idée d’une gynarchie possible (car, finalement, à cette époque moderne de l’émancipation des femmes, il ne reste plus à l’homme que sa prétendue supériorité physique pour affirmer sa suprématie et maintenir le patriarcat).

Aristote

La lutte mixte a longtemps été une activité assez taboue. Il y a sans doute deux raisons à cela. D'une part, la connotation sexuelle, le plaisir sexuel qui peut naître du contact des corps, bien sûr, et qui concerne aussi bien les filles que les garçons. D'autre part, en effet, le risque de défaite du garçon vaincu par une fille, qui peut froisser son amour-propre de mâle et enorgueillir la fille.

Il y a donc deux transgressions, à la fois quelque chose de " sexuellement libéré " dans le droit que se donnent des hommes et femmes d'avoir une activité ambiguë (en principe sportive, mais avec de possibles arrières-pensées sexuelles), et aussi quelque chose de " féministe " dans le droit que s'adjugent les filles de battre certains garçons.

Quant au patriarcat, il est effectivement contesté, et pas seulement sur le terrain de la force physique et des arts martiaux. Dans tous les domaines, les femmes revendiquent l'égalité, nous le savons bien, ce qui ne veut pas forcément dire " gynarchie ", " pouvoir des femmes ", certains hommes et certaines femmes peuvent rêver d'une égalité sans que l'un des deux sexes domine l'autre, d'autres diront que c'est une utopie....

Quant au S/M, au masochisme, c'est encore une autre dimension du problème, qui méritera un autre dialogue entre nous si tu le veux bien.

Lucius

Tout à fait d’accord sur le fait que le but recherché est, en fait, une parfaite égalité entre les sexes ; si l’on se place sur un plan général et dans la réalité. Mais, dans un contexte S/M (plus particulièrement le masochisme masculin), il n’en est plus de même. Cette autre dimension du problème sera à étudier dans notre prochain dialogue.

Finalement, la lutte ne m'intéresse que si elle a un impact sexuel et, en plus, masochiste, ce qui est précisément le cas de la lutte mixte (n'étant pas homosexuel). La lutte en elle-même ne m'intéresse guère et je ne regarde jamais des matches de lutte entre hommes (entre femmes, si, à la rigueur, et pour la même raison). Je regarde quelquefois les matches de catch - qui me lassent vite - à moins qu'il n'y ait parfois une faible incidence masochiste (quand le bon, apparemment plus fort, est défait par le mauvais).

(à suivre)