Vaincu par Elle

Ami, lecteur, tu veux savoir
Pourquoi j'entre dans le manoir
De la déesse Cythère
Par devant et non par derrière ?
Mais quel est le sot, l'ignorant,
Qui n'attaque pas le devant?
Qui dans l'amoureuse entrevue,
Consent à s'enlever la vue
De tant de charmes réunis
Dont il est à la fois épris ?
De ces beaux yeux où la tendresse
Provoque au plaisir, à l'ivresse ?
D'une bouche où tous les désirs
Sont prononcés par des soupirs ?
De ces jolis globes d'ivoire
Par des élans précipités ?
D'un ventre qui de tous côtés,
Plus doux, plus poli que la glace
Sert de tapis par sa surface?
De ce joli mont de Vénus
Où l'ombre des taillis touffus
Couvre une fente à-demi close
Etroite et de couleur de rose?
De ses cuisses dont le contour
Semble façonné par l'amour
Et qui, proche de l'hermitage
Où le plaisir est en otage

Prennent part au choc amoureux
Et sont d'un secours merveilleux ?
D'ailleurs, croyez-vous qu'une belle
Qui se prête et n'est pas rebelle,
Mais qui sait combien le devant
Pour le plaisir est important
Voudra recevoir par derrière
Votre baiser comme un clystère ?
Non sans doute, Elle voudra voir
Vos yeux, votre nez, votre bouche,
D'un Priape ardent et farouche
L'air et l'appareil menaçant
Ce vainqueur fier et s'élevant
Du fond d'une forêt épaisse.
Elle voudra flatter sans cesse
Ce conquérant qui sans pitié,
Doit la partager par moitié ;
Puis, s'étendant sur une couche,
Vous coller sur son sein la bouche,
Vous serrer, presser dans ses bras,
Par la chaleur de ses appas
Vous communiquer son ivresse
Vous sucer, vous mordre sans cesse,
De ses doigts brûlants vous pincer,

Sur le fessier vous agacer,
Et, vous animant au service,
Hâter l'instant du sacrifice ;
Enfin, en vous abandonnant
A vos efforts et vous donnant
L'ordre de limer à vos aises
Tous les parois de la fournaise,
Vous secouer, vous agiter,
Vous faire en tout sens pirouetter
Par sa force et par sa souplesse,
Jusqu'à ce qu'une douce ivresse
Fasse enfin jaillir la liqueur
Qui met au comble du bonheur !

C'est ainsi que les courtisanes
Savent, par le jeu des organes,
Prendre et donner la volupté,
Et trouver la félicité.

Poème anonyme (1784), illustré par des bois gravés de Valentin Le Campion
Ven 15 jun 2007 1 commentaire
Comme me l'a fait remarquer, il y a peu, mon amazone Julie, c'est la fille qui prend le garçon, la craquette venant engloutir et aspirer le fier membre viril qui, piégé par la gaine vaginale, se voit presser avant que de finir essoré.
beatenboy - le 18/04/2009 à 23h04