Vaincu par Elle

         Le Lai d'Aristote
             vieux thème médiéval


             Quand le Grand Alexandre
             De l'Inde outra le cours
             Quel sage osa prétendre
             Le borner en amour ?

             La petite princesse
             Dont les yeux sont si beaux
             Bouscule la sagesse
             Qu'elle pousse au tombeau :

             Elle bride, elle bâte
             d'œillères, de bandeaux
             Le Sage à quatre pattes
             Qui lui fait le gros dos.




Elle l'enfourche, et fouette
De rires, de chansons :
Il a ce qu'il souhaite
De la selle à l'arçon !

Au lai qu'elle lui donne
Il trotte et va bon train.
Du suivant qu'elle entonne
Il galope au refrain.

Mais, fou de les entendre
Tournoyer dans sa cour,
S'est le grand Alexandre
Laissé mourir d'amour.

Charles Maurras (1950)

Cette jolie poésie fait suite à notre premier article sur le sujet : Le dressage d'Aristote (1)
La première illustration est un vitrail de la Renaissance, la seconde un bas-relief de l'époque baroque, "La Chute d'Aristote", qu'on peut admirer au Musée du Louvre.
Dim 14 jan 2007 Aucun commentaire