Vaincu par Elle


Un correspondant anonyme qui dispose d'une collection de magazines remontant aux années 80 m'a fait parvenir la photo ci-dessous de Clare FURR, championne de bodybuilding de l'époque, en me demandant mon avis. Je remercie ce correspondant d'avoir pensé à moi.
C'est bien volontiers que je me permets non seulement de publier la photo dans mon blog, mais surtout de la commenter, car elle me semble riche d'enseignements, et forte d'une puissante charge érotique.
Le développement musculaire de la dame est remarquable et, à mon humble avis, bien suffisant. Je n'ignore pas que, comme tout sport de compétition, le bodybuilding sacrifie hélas aux impératifs du "toujours plus" et du "jamais trop".  L'escalade du bodybuilding féminin dans le sens du "je veux être de plus en plus musclée", timidement commencé vers 1979-80  avec Lisa Lyon, s'était accéléré brutalement dans le courant des années 80. A voir cette photo, il me semble que vers 1987 on aurait dû arrêter là, suspendre cet objectif du "encore et toujours plus" et se dire qu'on était parvenu à une sorte de perfection. Ce qu'on n'a pas fait bien sûr, on ne sait jamais s'arrêter...

Mais plus que le développement musculaire de cette personne, c'est la photo qui mérite un examen minutieux, car elle me semble receler bien plus d'érotisme que certaines productions spécialisées dans des genres qualifiés d'érotiques ou de pornographiques. Je pense en particulier à certaines bodybuildeuses s'exhibant à poil, toutes plus "hot" et plus "hardcore" les unes que les autres, que je ne trouve pas si "bandantes" que ça, ni elles, ni leurs gros clitoris...

Ici, le cadre inspire confiance. On est dans l'intimité d'un appartement, pas dans une salle de muscu, ni sur une scène de théâtre, pas davantage dans le studio anonyme d'un photographe. Non, ici on a l'impression que la dame nous reçoit chez elle, qu'on est "introduit". Clare FURR est revêtue d'une robe à la fois habillée, moulante et légère, une robe sexy mais élégante, qui la met terriblement en valeur et la rend bien plus attirante que si elle posait en tenue d'Eve. Son regard appuyé à l'objectif semble s'adresser personnellement au spectateur : c'est une illusion, bien sûr... ce magazine fut évidemment feuilleté par des milliers d'hommes excités et quelques femmes jalouses.
Elle sourit à peine, n'arborant ni un sourire publicitaire niais, ni cette moue hautaine, cette morgue du mannequin de défilé exprimant un vague mépris du populo. Contrairement au mannequin, elle est d'ailleurs immobile, disponible, comme en attente.
La force de cette photo réside aussi dans le statisme de la pose. Elle n'est pas debout, mais assise. En fait elle est presque debout, mais penchée en arrière et en appui. Le photographe, très professionnel dans son approche, lui a sans doute suggéré de prendre cette position particulière du corps, sachant tout le parti qu'on pouvait en tirer au plan visuel : l'appui sur les bras fait saillir d'admirables épaules et triceps ; le poids du corps repose en partie sur ces bras puissants, en partie sur le postérieur  de la dame, et libère les jambes, ce qui lui donne plus d'aisance pour jouer des quadriceps et les "sortir". Mais en même temps, comme elle est presque en position verticale, les lignes du corps ne sont pas ramassées, raccourcies.

Le regard appuyé, attentif de l'hôtesse, dans cette position qu'on pourrait qualifier "d'en offrande", semble dire : "Bonjour ! faisons connaissance ! je suis à vous !..."
Elle n'est pas à nous, bien sûr, cette appétissante boule de muscles, c'est juste une manière de parler, mais le lecteur de 1987 n'était-il pas convié à rêver qu'elle pourrait être à lui?
Mar 28 avr 2009 Aucun commentaire